Blitzkrieg à Kôryô!

Episode deux : L'attaque

Fin des cours. Hikaru quitta sa salle de cours pour se rendre en bibliothèque des lycéens. Elle rayonnait de joie. Car elle allait passer deux heures en compagnie de Kyôsuke. Juste eux deux. Le prétexte ? Depuis deux ans il l'aidait à préparer ses partiels. Elle se remémorait comment elle l'avait attiré autrefois dans la bibliothèque du collège, et comment elle lui avait souri en se serrant contre lui. " Kyôsuke, tu es très pédagogue ", lui avait-elle dit. Et c'est vrai qu'avec son Darling elle comprenait mieux que jamais ses cours. Sans qu'elle ne s'en rendit compte elle passait insensiblement du souvenir au rêve. Elle s'imaginait dans un recoin dans la grande bibliothèque du lycée, seule avec Kyôsuke. Elle le remerciait de l'aider avant de partir, et enfin il la prenait doucement par la taille, l'attirait tendrement à elle, et après un furtif coup d'œil pour s'assurer que personne ne les voyait il se penchait pour lui offrir enfin son premier baiser.
Elle revint à la réalité en apercevant son petit chéri qui lui faisait signe de la main et l'attendait devant l'entrée de la bibliothèque. A peine entrée Hikaru nota avec dépit que beaucoup de monde semblait avoir choisi cet après-midi pour réviser ses partiels. Mais il était possible que la salle se vide avant la fin. Elle entraîna Kyôsuke jusqu'à une petite rangée de tables vers le fond, partiellement dissimulée par un rayon de livres. Même ici il y avait des élèves déjà assis.

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Ils révisaient le programme de maths des troisièmes depuis une dizaine de minutes quand Kyôsuke nota que l'adolescente en face de lui se levait pour quitter la salle. A peine cinq minutes plus tard, il aperçut Sayuri cherchant visiblement une place. Il espéra qu'elle ne viendrait pas jusqu'à lui ; comme elle ne semblait pas trouver il adressa mentalement une prière aux dieux. Mais apparemment cette prière resta sans effet car ce fut à cette place même en face de lui qu'elle s'installa finalement, sans un regard pour le jeune homme.
Peu à peu la bibliothèque se vidait, mais Hikaru, Kyôsuke et Sayuri étaient parmi les plus assidus. A vrai dire ils n'étaient plus qu'eux trois dans la rangée, et il ne restait plus qu'un quart d'heure avant la fermeture de la bibliothèque. Hikaru se leva en disant:
" Je reviens tout de suite, Darling ! "
A peine eut-elle tourné le dos que Sayuri se fendit d'un grand sourire à destination de Kyôsuke :
" Je souhaite te parler tout à l'heure. Est-ce possible ? "
Surpris Kasuga resta interloqué juste le temps nécessaire à Sayuri pour reprendre la parole :
" Alors disons à 17h30 à l'Abcb ?
- Hé, non, ça ne vas pas…
- Ah , oui, il y a Ayukawa ?
- Non, ce n'est pas ça " fit Kyôsuke, rouge comme une pivoine.
- Alors au Birth, tu vois où il est ? "
Le Birth était le plus proche café du lycée, aussi Kyôsuke put-t-il répondre :
" Bien sûr !
- Alors, à tantôt ! "
Sayuri se levait déjà pour partir, et Kasuga eut l'impression qu'elle avait décidé à sa place, mais il n'y avait déjà plus rien à faire.

Hikaru revint enfin, et ne fut pas peu surprise de voir son Kyôsuke tout troublé. Comme rien ne justifiait ce changement elle lui demanda ce qu'il y avait, mais il lui répondit avec empressement qu'il rêvait sans plus. Ils se replongèrent dans les fonctions affines avec entrain.

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Dix minutes plus tard le surveillant passa pour les prévenir que la bibliothèque allait fermer. C'était l'instant que Hikaru attendait depuis des heures. Avec un lenteur calculée elle rangea ses affaires, si bien que quand elle eut fini Kyôsuke et elle se trouvèrent seuls dans cette partie de la bibliothèque. Elle lui offrit alors son sourire le plus charmant :
" Merci, Kyôsuke-senpai " susurra-t-elle d'une voix feutrée.
Le jeune homme la regarda, surpris.
Ça y est, elle veut encore que je l'embrasse… mais je ne peux pas, surtout que c'est peut-être cela qui me ferait perdre Ayukawa. Si elle venait à l'apprendre… et elle l'apprendrait forcément, puisque Hikaru le lui dirait elle-même. Pauvre Hikaru ! Si seulement…
" Et bien, Kyôsuke, tu dors ? "
Il y avait une nuance de colère, et une teinte de déception dans la voix de Hikaru alors qu'elle prenait le chemin de la sortie. Kyôsuke comprit qu'il avait encore blessé la jeune fille. Il s'en voulut.

Kyôsuke n'avait pas le temps de rentrer chez lui avant d'aller au Birth, aussi décida-t-il d'y aller directement, quand bien même cela lui donnerait quinze minutes d'avance sur l'heure du rendez-vous.
Chemin faisant il eut un doute affreux. Il se rappelait comment Ayukawa l'avait menacé s'il rendait Hikaru malheureuse. A vrai dire c'est à cause de cette attitude deux ans auparavant de la " grande sœur " qu'il n'avait pas osé avouer la vérité à Hikaru. Il avait trop peur de perdre les deux en même temps. Choisir Hikaru c'était perdre Ayukawa, mais choisir Ayukawa, c'était sans doute perdre Hikaru et par ricochet Ayukawa…
Mais combien de temps encore Hikaru accepterait-elle de rester dans cette situation… lui avoir refusé un baiser durant deux ans devait l'avoir blessée au fond d'elle, et un jour elle se lasserait d'attendre. D'ailleurs elle semblait irritée tout à l'heure. Si son rêve lui avait été envoyé pour l'avertir qu'il allait tout perdre pour n'avoir rien choisi ? Dans ce cas son comportement de ce soir aurait été catastrophique.
Mais on en revenait toujours au même problème, comment ne pas blesser Hikaru ?

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Un verre de Coca devant lui Kasuga attendait Sayuri. Tout préoccupé par sa bourde de tout à l'heure il ne se demandait même pas ce que pouvait bien lui vouloir la jeune femme. D'un coup elle apparut. D'un œil distrait il constata qu'elle s'était changée. Lorsqu'elle se défit de son pardessus crème il nota qu'elle portait un pantalon de velours de couleur crème et un tee-shirt aux rayures jaunes, vertes et brunes. Les rayures soulignaient admirablement le galbe de sa poitrine et cela le fit sortir en un instant de ses pensées… il n'avait jamais vu Sayuri comme cela. En fait il ne l'avait jamais vue, il s'en rendait compte maintenant.
En s'asseyant l'adolescente leva un bras pour attirer à elle l'attention du garçon et quand il vint à sa hauteur elle lui demanda un coca. Elle se tourna alors vers Kasuga :
" Merci d'être venu, Kasuga-kun ! "
Kasuga sourit sans répondre, aussi poursuivit-elle :
" Tu m'attends depuis longtemps ?
- Non, ça va. " Kyôsuke semblait incapable de détourner son regard de la poitrine de la jeune femme.
" Charmante la jeune collégienne avec qui tu étais. C'est ta petite amie ?
- N.. non, " fit Kasuga, sentant la chaleur affluer à ses joues : il rougissait.
" C'est vrai, ça ? " Sayuri souriait malicieusement. Il était évident qu'elle n'était pas du même avis que Kyôsuke.
Un temps passa sans qu'aucun d'eux ne parle. Kasuga se dit alors qu'il ferait bien de se dépêcher de finir son coca pour rentrer chez lui.
Mais Sayuri n'avait pas fini de lui parler :
" Tu sais je l'ai vue au bras d'un étudiant l'autre jour. "
Sa voix s'était faite feutrée, elle susurrait plus qu'elle ne disait. Visiblement cette information ne concernait que Kasuga. Ce dernier ne pouvait pas ne pas réagir.
" Hein ? Ce n'est pas possible !
- Si je te le dis…
- Non, Hikaru ne ferait jamais ça ! Et puis elle était comme d'habitude aujourd'hui.
- Qui parle de Hikaru ?
- Mais qui alors ?
- Je ne sais pas si je dois te le dire finalement. " Les yeux de Sayuri rayonnaient de plaisir contenu. Voir le jeune homme bouillir d'impatience l'amusait beaucoup. D'autant qu'il devait bien penser à quelque chose, maintenant. Quelque chose qui allait distendre un peu ses relations avec cette maudite Ayukawa…
" Dis-le moi, tu en as trop dit, maintenant ! " gronda Kyôsuke.
Sayuri tourna posément la tête de droite à gauche pour manifester à Kasuga que son attitude dérangeait les autres clients. Le jeune homme se tut aussitôt, et baissa les yeux comme un enfant fautif. Sayuri se leva alors, fit le tour de la table et s'assit à sa droite. Il la contempla stupéfait, l'air ahuri, incapable ni d'agir ni de parler. Elle se pencha alors vers son oreille et lui chuchota :
" Tu sais de qui je parle, n'est-ce pas ? "
Kyôsuke pensait bien ne savoir que trop de qui parlait Sayuri. Depuis deux ans il n'avait cessé d'être hanté par des images d'hommes inconnus enlaçant par la taille Ayukawa. Il voyait des faces informes se pencher sur les lèvres d'Ayukawa. Il l'imaginait se dévêtant et révélant un corps parfait à un autre que lui. Les images défilaient à nouveau devant ses yeux. Ses traits se firent désespérés. Le jeune homme passait par les affres de la jalousie impuissante. Un coup d'œil suffit à Sayuri pour comprendre qu'il recevait de plein fouet un coup dont il aurait du mal à se remettre. En un autre temps elle aurait porté l'estocade à ce moment-là. Mais d'une part ils étaient trop près du bahut pour qu'elle s'y risque, et de l'autre elle savait que ce jeune homme, même déstabilisé et bouleversé comme maintenant, était susceptible de lui résister encore. Il fallait qu'il cherche à constater l'étendue des dégâts quelques temps avant de tomber tout cuit. Il fallait qu'il se brouille avec Ayukawa. Aussi se leva-t-elle, le regard faussement empli de compassion, sourit-elle à Kasuga et s'en alla-t-elle. Elle ne dit rien, mais il n'aurait rien entendu. Elle pensait même qu'il ne s'était pas rendu compte qu'elle s'en allait.

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18h05. Cela faisait vingt-cinq minutes maintenant que Kasuga restait sans bouger, hagard. Enfin le garçon s'approcha de lui.
" Est-ce que vous vous sentez bien, Monsieur ?
- O… Oui, ça va, merci. Euh, l'addition, s'il vous plaît ?
- Je vous l'apporte. "
Le garçon était visiblement soulagé que Kasuga se soit réveillé. Quand il revint Kasuga semblait effectivement bien aller, aussi n'y pensa-t-il plus.
Mais en fait Kasuga était au plus mal. Si physiquement tout allait pour le mieux, ce qui lui avait permis de paraître être bien, son cœur et son âme saignaient si profondément qu'il avait cru s'être évanoui quand le garçon l'avait sorti de sa torpeur. Maintenant il lui fallait rentrer car il était tard déjà, et ses proches pourraient finir par s'inquiéter. Mais il se demandait si cela valait la peine. A quoi bon même vivre si Ayukawa était à un autre ? Pourquoi ne lui avait-il pas ouvert son cœur quand il était encore temps ? Elle l'aurait peut-être mal pris, mais au moins il n'aurait pas conservé l'illusion pendant ces deux années de perdues. Oui, il aurait mieux valu être tout de suite fixé plutôt que d'avoir perdu sans rien avoir tenté.
Ses sentiments ne s'étaient certes pas améliorés quand il arriva au bas de chez lui. La mine déconfite il partit directement vers sa chambre, sans un mot, et se jeta sur son lit. Le choc était tel que même sa ballade ne lui avait pas permis de s'en remettre. Allongé le visage dans l'oreiller, seul dans le noir il se laissa aller. Ses larmes coulèrent et coulèrent encore, mais si grand était son désarroi que cela ne le soulageait même pas. Enfin après une dizaine de minutes les larmes se tarirent. Il se sentait un peu mieux, après avoir vidé le plus gros de son désespoir. Mais il eut honte de s'être laissé aller à un tel acte. Cela n'était pas très viril… il ne pouvait s'empêcher de frémir à ce qu'en dirait Kurumi si elle apprenait qu'il se comportait comme une héroïne de shôjo… penser à ce que dirait Kurumi dans cette situation, c'est que tout n'allait pas si mal. Mais tout à l'heure il lui faudrait aller à l'Abcb, retrouver Ayukawa pour préparer les partiels. Il n'était vraiment pas sûr de le vouloir. Mais il fallait aussi tirer tout cela au clair.
Enfin il se décida à sortir de sa chambre. Il aurait voulu qu'aucune de ses sœurs ne soit là ce soir, mais tout n'allait pas comme il le voulait.

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Lorsque son frère émergea de sa chambre Manami ne put s'empêcher de hoqueter de surprise. Elle l'avait déjà vu particulièrement déconfit, d'humeur très sombre, comme supportant tout le désespoir du monde. Mais là il avait encore franchi un palier. Elle s'inquiétait vivement du manque de ressort de son frère. Il manquait d'opiniâtreté, lâchant trop souvent prise à la moindre contrariété. L'espoir n'était pas son allié.
Cette fois il avait dû recevoir un très rude coup. Ses yeux rougis témoignaient clairement de ce qu'il venait de faire dans le cocon de sa chambre éteinte… dans ces moments-là seule la présence d'une mère aurait pu lui apporter du réconfort, mais leur mère était morte voilà quatorze ans maintenant, laissant trois orphelins derrière elle. Et elle n'avait pas le temps de réconforter son frère aîné en préparant le repas… quant à Kurumi, inutile d'y penser, elle rirait de Kyôsuke.
En soupirant elle s'approcha malgré tout de Kyôsuke.
" Oniichan ? " Sa voix s'était faite douce comme pour réconforter un enfant. Kyôsuke gardait la tête baissée.
Oh là là, ce doit être terrible cette fois.
" Qu'est-ce qui ne va pas ? " s'enquit-elle.
Kyôsuke grimaça, sans rien dire.
" Tu sais, si tu te tais et laisse ton chagrin en toi, il ne te quittera pas. "
Toujours pas de réponse, mais Kyôsuke plongea son regard dans celui de sa sœur. Elle y vit un océan de douleur.
Vraiment terrible.
" C'est Hikaru-chan ?
- Non ! " Cette courte réponse constitua les premiers sons qu'émit le jeune homme depuis qu'il était rentré. Manami fut surprise de la sécheresse de la réponse. Il ne restait plus qu'une solution… mais elle ne pouvait pas aborder directement le problème, il valait mieux aller à la pêche aux informations indirectement.
" Tu vas travailler ce soir ? "
Kyôsuke fit une grimace pouvant signifier qu'il se le demandait lui-même.
" Je reviens " fit Manami, retournant à la cuisine. Elle se mit à craindre pour le repas du soir, car Kyôsuke semblait vraiment s'être noyé dans son désespoir.
Pendant ce temps l'adolescent reprit le fil de sa réflexion, et la sollicitude de sa sœur lui permit de se sentir mieux.
Non, cela ne va pas, je ne peux pas continuer à inquiéter Manami comme ça. Il faut que je me ressaisisse. Je ne dois pas rendre cette maison lugubre, ce n'est pas de leur faute si j'ai perdu Ayukawa. Il est préférable qu'ils croient qu'il ne s'agit que d'un découragement temporaire, sans plus.
Pour cela je dois aller à l'Abcb ce soir, même si ce n'est que pour travailler. Je ne dois pas faire souffrir tout le monde égoïstement.

Lorsqu'elle revint dans le living Manami fut surprise de voir que son frère paraissait avoir retrouvé de l'allant. Elle n'avait pas appris grand chose si ce n'est que ce devait être une brouille avec Madoka. Mais il semblait qu'elle avait quand même réussi à le réconforter.
En l'entendant revenir Kyôsuke tourna la tête pour lui sourire :
" Merci Manami-chan, de m'avoir aidé. Ça fait du bien ! " Il sentait que quelque chose sonnait faux dans ce qu'il disait, mais Manami fit mine de le croire.

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C'est d'un pas mal assuré, presque en traînant les pieds que Kasuga prit le chemin de l'Abcb. Il avait hâte de tirer les choses au clair, mais il redoutait ce qu'il allait sans doute apprendre. Aussi ne se pressait-il pas, comme pour garder le plus longtemps possible ses illusions. Mais tout chemin même pris comme à regret a une fin et il se trouva face à la porte du café. Il resta là quelques instants, hésitant. Ne pas entrer, ce serait ne pas avoir définitivement perdu Ayukawa, ce serait conserver l'espoir… mais s'il était venu jusque là c'était justement pour savoir.
Inspirant à fond pour se donner du courage il prit la poignée de la porte et entra. Ayukawa servait seule ce soir, et les clients n'étaient pas très nombreux. Il choisit une table dans l'angle du café, et attendit qu'Ayukawa vienne.
Tiens, qu'est-ce qu'il a Kasuga ? D'habitude il vient au comptoir.
Intriguée Ayukawa vint à lui :
" Monsieur, qu'est-ce que ce sera ? " Un sourire illuminait le visage de Madoka, mais Kasuga n'entendit que le " Monsieur ", ce qui le confirma dans toute ses craintes. Il balbutia :
" U… Un café, s'il vous plaît. "
Vous ?
" Tout de suite ! "
Tout en préparant le café Madoka se demandait ce qui était survenu pour que Kasuga fût aussi distant. Toute à ses pensées elle faillit faire déborder la tasse, mais se reprit juste à temps.
En attendant qu'Ayukawa apportât son café, Kasuga avait sorti un livre d'anglais, un cahier et un stylo. Quant elle le lui donna, elle lui sourit :
" Quelques minutes et je viens t'aider. "
Ce sourire rendit confiance au jeune homme. Peut-être ne l'avait-elle pas abandonné ?
Mais non, cela n'a aucun sens, nous n'avons jamais été ensembles. Il n'y a aucune raison qu'elle change de comportement envers moi si elle a un petit ami…

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Plus tard dans la soirée le téléphone sonna.
" Excuse-moi, mais je dois y aller " dit Madoka, se levant.
Kasuga vit la silhouette si familière de la jeune femme s'éloigner de lui et passer derrière le comptoir pour décrocher le combiné.
La conversation s'éternisait.
Qui cela peut-il bien être ? Ce n'est quand même pas Lui ? En tout cas ce coup de fil semble lui faire vraiment plaisir. Qu'est-ce que je peux bien faire ?
Quelques minutes plus tard elle raccrocha et revint à la table qu'avait choisie Kasuga.
" Est-ce que ça va, Kasuga ? " Son ton était empli d'inquiétude.
" Mmm… oui, bien sûr " Kasuga se demandait si elle le croirait.
" Tu es sûr ? Tu es bien pâle… "
Kasuga eut envie de poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis qu'il avait franchi la porte de l'Abcb. Mais quelque chose le retenait encore. Il ne voulait pas tout gâcher maintenant. En fait il ne savait pas encore comment réagir selon ce qu'elle lui répondrait. Il lui fallait encore du temps. Pourtant il savait que cela n'avait aucun sens, et que cela ne pourrait finalement que le faire souffrir plus longtemps.
Finalement il se lança : " Ayukawa ?
- Oui ? " répondit-elle en tournant la tête vers lui.
Kasuga détourna alors son regard et dit piteusement : " Euh, non, rien… "
La jeune fille le regarda avec attention, comme s'il avait attrapé quelque chose. Kasuga se maudit de sa lâcheté. Face aux splendides yeux émeraude de Madoka il avait une nouvelle fois fui, refusant d'assumer ses responsabilités. Pourtant il avait répété des dizaines de fois en rêve cette scène où, plongeant ses yeux dans ceux d'Ayukawa, il mettrait leur relation au clair. Mais jamais il n'avait pu se résoudre à passer à l'action.
" C'était qui tout à l'heure ? "
Il ne l'avait pas regardée, il fixait son cahier, comme honteux de poser une telle question. Elle le regarda, surprise.
Elle n'appréciait pas beaucoup que l'on se mêle de ses affaires, et Kasuga le savait bien.
" Personne. "
Kasuga releva la tête, son visage reflétait l'insatisfaction que lui procurait cette réponse.
" Allez, dis-le ! "
Madoka n'aimait pas beaucoup qu'on la force ainsi. Si elle ne souhaitait pas le dire, elle ne le souhaitait pas.
" Qu'est-ce que ça peut te faire ?
- Euh, rien, rien du tout "
Et voilà, j'ai encore reculé… je n'arriverai jamais à rien avec elle.

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*     *

Vingt-deux heures trente, l'Abcb fermait maintenant. Kasuga revint à la charge.
" Dis-moi, c'était qui tout à l'heure ? "
La jeune femme fut impressionnée par le regard du jeune homme. Il avait quelque chose de décidé. Cette fois Kasuga voulait sa réponse. C'était une situation dangereuse, car elle savait que quand il avait vraiment décidé quelque chose il dégageait de lui un tel charisme qu'elle avait du mal à lui résister. Mais elle lui avait déjà répondu, aussi se fit-elle violence pour le rembarrer :
" Ça ne te regarde pas !
- Si, je veux savoir ! " Son ton s'était fait impéérieux.
" Pourquoi veux-tu savoir, d'abord ? "
Il hésita… à la faible lumière du réverbère elle crut le voir rougir.
" Ah, c'est ça ? Kasuga-sama est jaloux ! "
Kyôsuke blêmit sous l'insulte. Il perdit en assurance, et gagna en désespoir :
" Je-veux-sa-voir " scanda-t-il.
" Non ! "
Elle lui tourna le dos pour s'en aller. Il la rattrapa, et la força à pivoter. Sans prendre en compte son regard menaçant.
" Si ! "
Le geste partit. Plus rapide que l'éclair. Madoka l'avait giflé ! Il se massa la joue, incrédule.
" J'attendais mieux de toi qu'un crise de jalousie, Kasuga "
Elle lui tourna le dos et s'en alla, le laissant stupéfait.

Lire le chapitre 3: la rupture?
retour à la présentation de Blitzkrieg à Kôryô!

KOR est un manga d'Izumi Matsumoto édité par Shueisha Inc.

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