Blitzkrieg à Kôryô!
Episode trois : La rupture ?
Quelque chose, ou plutôt quelqu'un me secoue. J'ai passé
la nuit à tourner dans tous les sens dans mon lit, et parfois à
pleurer en silence. Je ne sais pas à quelle heure je me suis endormi,
mais je me rappelle avoir vu affiché en rouge 03:27 à mon réveil.
Je n'ai donc pas beaucoup dormi, et je suis irrité que l'on me réveille
déjà. J'ouvre enfin les yeux, pour les refermer aussitôt,
car Manami a ouvert les rideaux et la lumière me blesse les yeux. Je
les rouvre enfin et fais face à la réalité : on est mercredi,
je dois me préparer à aller en cours, et là-bas je retrouverai
Madoka, avec qui je me suis définitivement brouillé… je n'ai pas
envie d'y aller.
" Ah, quand même tu te réveilles Oniichan ! Dépêche-toi,
on est à la bourre. " Elle a déjà revêtu son uniforme,
aussi je pense plutôt que c'est moi qu'on attend.
" Ouais… ", je me frotte les yeux en répondant. Mais il faut bien y aller.
Je suis tellement en retard que j'avale mon petit-déjeuner en deux ou
trois minutes. Un vrai exercice de vitesse qui me permet de ne pas montrer mes
problèmes à ma famille. C'est déjà ça ! Enfin
l'heure du départ est là, flanqué de mes deux surs
cadettes je me rends là où je La verrai.
Une demi-heure plus tard je m'assieds à ma place, quelques minutes avant que Ayukawa n'entre en salle de cours. A peine l'ai-je aperçue que je déétourne les yeux. Je la sens qui va s'asseoir comme si de rien n'était. Exactement comme tous les matins. Au moins personne ne la trouvera plus froide que d'habitude !
*
* *
Midi, fin des cours. Kasuga se leva plus promptement qu'à
l'accoutumée, rangea ses affaires et se dirigea vers la sortie de la
classe sans attendre personne.
" Tiens, il est bien pressé aujourd'hui Kasuga ", remarqua Komatsu.
" Il va rejoindre Hikaru " lança Hatta.
Kasuga les entendit, mais contrairement à d'habitude il ne voulut pas
les démentir. Après tout il avait perdu Ayukawa, et ce qu'elle
pouvait penser ne lui importait plus.
" Hey, il n'a même pas protesté " fit un troisième visiblement
surpris.
Deux minutes plus tard Hikaru faisait irruption dans la salle
de classe. " Kyôsuke-senpai, j'aimerais… "
Sa voix enjouée mourut quand elle s'aperçut de l'absence de son
interlocuteur.
" Kyôsuke n'est pas venu ? " demanda-t-elle à Komatsu. " Si, bien
sûr, mais il a filé comme s'il avait le diable à ses trousses
!
- On croyait qu'il allait te rejoindre " ajouta Hatta.
Hikaru marqua un temps d'hésitation, puis se tourna vers sa " grande
sur " :
" Madoka-chan, on rentre ensemble ?
- Sûr, Hikaru-chan. D'ailleurs je suis prête.
- A demain, vous autres. " Hikaru agita la main à destination de Komatsu
et Hatta, avant de se retourner et sortir de la salle de classe, sur les talons
de Madoka.
*
* *
Elles marchaient côte à côôte depuis quelques
minutes sans mot dire. Toutes deux paraissaient absorbées dans leurs
pensées, et c'est à peine si elles se rendaient compte de la présence
de l'autre. Finalement Madoka se força à réagir :
" Tu es bien silencieuse aujourd'hui ! Il y a quelque chose qui ne va pas ?
"
Hikaru tourna sa tête vers Madoka, et cette dernière vit sur le
visage de sa jeune amie un profond désarroi.
" Non, ce n'est rien… enfin je suis surprise que Kyôsuke soit si vite
parti.
- Tu ne t'es quand même pas fâchée avec lui ? "
Il y avait comme de l'inquiétude dans la voix de Madoka. "
Pas du tout, même si …
- Si quoi ?
- Non je ne peux pas le dire " répondit Hikaru en rougissant.
Madoka n'insista pas. Si Hikaru voulait le dire elle le dirait
bien d'elle-même. Inutile de la brusquer. Et sa patience paya, car finalement
Hikaru la sortit de ses propres réflexions.
" Dis, Madoka-chan, tu crois que Kyôsuke-senpai m'aime vraiment
?
- Bien sûr. Qu'est-ce qui te fais penser le contraire ?
- Et bien hier encore, alors qu'on était seuls… il ne s'est rien passé
!
- Kasuga est comme ça. Il t'aime beaucoup, mais c'est parfois difficile
de passer à l'acte. Peut-être devrais-tu franchir toi même
la distance qui le sépare de toi ?
- Vraiment, tu crois ? "
La voix de la jeune fille résonnait d'espoir.
" Et bien cela pourrait marcher.
- Et toi, dis-voir, c'est vrai que tu as un petit ami ?
- Première nouvelle ! D'où la sors-tu ?
- Et bien on ne parlait que de ça ce matin au collège. On m'a
même demandé si c'était vrai. Déjà hier on
me l'avait dit en sortant de la bibliothèque !
- Et bien…
- Allez, dis-moi "
Les yeux de Hikaru pétillaient.
" Je suis désolée Hikaru-chan, mais je n'ai pas de petit
ami ! "
Cette fois ils s'arrondirent de surprise, puis Hikaru se reprit.
" Je préfère cela, je n'aurais pas aimé apprendre que tu
as un petit ami de la rumeur.
- Hi ! Hi ! Hi ! Bien sûr que non. "
Voyons voir. Hier Hikaru avait entendu une rumeur selon laquelle j'aurais un petit copain. Hier Kasuga n'était visiblement pas dans son assiette, et était inquiet d'un coup de téléphone. Je lui ai dit quelque chose de cruel. Je n'aurais pas dû. Il va encore m'éviter comme ce matin pendant des semaines. Je crois bien que je ne le verrai pas à l'Abcb ce soir. Mais qui peut bien être derrière cette rumeur ? Et pourquoi Hikaru et Kasuga en ont été avertis si vite ?
*
* *
Le téléphone retentit. Comme toujours Manami
décrocha le combiné :
" Moshi-Moshi ! Vous êtes bien chez les Kasuga.
- Salut Manami-chan, c'est Hikaru ! Est-ce que Kyôsuke est là
?
- Oui, Hikaru-chan, je l'appelle.
- Merci !
…
- Moshi-Moshi !
- Darling, je voudrais qu'on aille au ciné ensemble. C'est une histoire
très romantique et…
- D'accord, c'est à quelle heure ?
- Super ! A 4h30. Tu viens me chercher avant ?
- Ok, à 4h00 chez toi ! "
Maintenant que j'ai perdu Ayukawa il me faut être très attentionné envers Hikaru.
*
* *
Depuis dix minutes Hikaru ne tenait plus en place dans sa
chambre. Elle s'asseyait et se relevait aussitôt. 16h02.
Qu'est-ce qu'il fout ?
Elle se rassit, se releva encore une fois. 16h03.
D'un coup la sonnette se fit entendre. Elle démarra au quart de tour,
cria " j'y vais, Okasan " et ouvrit toute grande la porte d'entrée.
Elle fut surprise et charmée de voir que Kyôsuke avait eu la délicate
attention de lui apporter une rose. Elle la lui arracha des mains en le remerciant
:
" Oh, Kyôsuke darling, que c'est gentil à toi ! Entre ! Okasan,
où est le vase, déjà ? "
Le temps que Kasuga enfilât des mules déjà Hikaru l'entraînait
dans sa chambre.
" Regarde, Kyôsuke, je vais la mettre sur ma table de chevet, comme ça
je penserais à toi avant de m'endormir et en me réveillant ! "
Les deux adolescents rougirent de concert.
*
* *
De nouveau le téléphone retentit. De nouveau
Manami alla décrocher.
" Moshi-Moshi ! Vous êtes bien chez les Kasuga !
- Bonjour Manami-chan . C'est Madoka.
- Bonjour Madoka-chan . Si tu veux parler à Kyôsuke, il
n'est pas là.
- Ah…
- Dis-moi, Madoka…
- Oui ?
- Euh, qu'est-ce qui… s'est passé hier ?
- …
- Moshi-Moshi ?
- Manami, sais-tu où est ton frère ?
- Hum. Euh, à cette heure il doit être au cinéma.
- Lequel ?
- Euh. A… avec Hikaru je crois !
- Ah. Hum… bon merci du renseignement, Manami. Ah, au fait, je crains que Kyôsuke
ne mange à l'Abcb ce soir.
- Ah, euh, merci de me prévenir, il avait oublié.
- De rien, Manami. Au revoir !
- Au revoir ! "
*
* *
Pfff c'est toujours pareil. On croit que ça va être un beau film, mais c'est un navet. Les personnages n'ont aucune profondeur. La fille est nunuche au possible, pas une once d'intelligence, encore moins de capacité à anticiper. Et le mec n'a qu'une belle gueule et des beaux muscles. Il est pas mal d'ailleurs. Mais vraiment simplet. C'est à mourir d'ennui. Le seul intérêt de ce film est là-bas, sur la gauche. Il semble que cette maudite Ayukawa ait perdu cet idiot de Kasuga, à le voir collé à cette gamine de Hiyama. Du coup il n'est même plus utile que je m'en occupe. De toutes manières il dépareillerait ma collection. Je suis vengée, maintenant !
*
* *
18h15, à la sortie du cinéma. Kyôsuke
et Hikaru tournèrent pour aller chez la jeune fille, tout en discutant
du film :
" J'ai vraiment adoré ! C'était si beau !
- C'est vrai, Hikaru. La force qui émanait de ses deux amants m'a impressionné.
"
Elle posa sa main sur le bras de Kyôsuke. Le jeune homme se tourna alors
vers elle.
" Tu sais, Darling, toi aussi tu irradies cette force… "
Kasuga ne répondit pas. Il prit Hikaru par la taille, et la fit pivoter,
le dos contre le mur. Leurs corps se rapprochèrent. Hikaru posa la tête
au creux de l'épaule de Kyôsuke, en murmurant " Kyôsuke chéri
". Le jeune homme répondit " Hikaru… " en se penchant sur les lèvres
offertes.
"Oh, Madoka ! " s'écria soudainement la jeune fille.
Surpris Kyôsuke porta son regard dans la même direction. En effet
derrière la vitre du café il vit Madoka, qui leur faisait signe
de la main.
" Allons-y " fit la jeune fille.
" Alors, Hikaru, comment était le film ?
- Génial ! On a adoré, hein Kyôôsuke ?
- C'est vrai, c'est une belle histoire.
- Mais je suis désolée, Hikaru, je t'ai fait signe sans réfléchir…
je crois au mauvais moment ? "
Tiens ils rougissent tous les deux. Comme c'est mignon !
" Bon, pour me faire pardonner je vous invite tous les deux à dîner
à l'Abcb ! D'accord ?
" - Bien sûr ! Tu viens, hein, Kyôsuke ?
- Oui "
*
* *
Le téléphone sonna.
" Mademoiselle Ayukawa c'est pour vous !
- J'arrive !
- Moshi-Moshi !
- …
- Ah, Shu comment ça va ? "
Bizarre, d'habitude elle ne parle pas aussi fort au télééphone.
" Non, je te l'ai déjàà dit hier soir ! "
Quoi, c'était Shu, hier soir ? Mais Shu est son cousin, donc ce ne
peut pas être son petit ami ! Hourra ! Il va falloir que je m'excuse dès
ce soir.
" Monsieur Kasuga, puis-je vous parler ?
- Bien sûr Boss ! " répondit le jeune homme en se dirigeant vers
le comptoir.
" Vous en avez bien de la chance, Monsieur Kasuga ", le Boss chuchotait presque,
comme un conspirateur. Instinctivement Kyôsuke répondit sur le
même mode :
" Pourquoi ça ?
- Parce que Mademoiselle Ayukawa est allée jusqu'au cinéma tant
elle s'inquiétait pour vos partiels.
- Hein ?
- Oui. Alors ce soir, soyez aimable avec elle. " Le Boss accompagna cette dernière
phrase d'un clin d'il.
" Oui, je suis désolée encore, bonsoir Shu ! " Ayukawa raccrocha
comme Kasuga regagnait la table.
" Qu'est-ce que vous complotiez tous les deux ? " lui demanda Ayukawa en s'asseyant
à son tour.
" Oh, rien du tout. " sourit Kasuga.
*
* *
Etant sorti avec Hikaru Kasuga était revenu directement
au café après l'avoir quittée quelques centaines de mètres
plus loin. Il constata qu'il n'y avait plus que trois clientes dans un coin,
et alla droit au comptoir.
" Un café, s'il te plaît .
- Encore ? Tu viens d'en prendre un !
- Ah, ah ! Je ne peux ne rien commander ! "
Quelques minutes passèrent. Quand il eut fini son café, il se
sentit d'attaque :
" Ayukawa… pardonne-moi pour hier… je…
- Tu n'as pas été très attentif à ce que tu révisais,
c'est ça ? "
Madoka s'était penchée en avant depuis l'autre côté
du comptoir. Son visage n'était distant que de quelques centimètres
de celui de Kyôsuke. Ce dernier, hébété, ne bougea
plus. Mais après deux ou trois secondes Madoka se releva, fit le tour
du comptoir et reprit :
" Cette fois concentre toi sur les partiels, sinon je ne réponds pas
du résultat final. "
Les yeux d'Ayukawa étaient remplis de joie. Visiblement cela lui plaisait beaucoup de joueur les préceptrices. Quant à moi je ne demandais rien de plus ce soir, tout heureux de ne rien avoir perdu en fin de compte.