Blitzkrieg à Kôryô!

Episode un : Les préparatifs

La jeune adolescente sortit de chez elle d'un pas ferme et décidé. De taille moyenne, les cheveux châtain clair coupés court elle paraissait environ quatorze ou quinze ans. Sa tenue était celle du collège Kôryô.
Son cartable se balançait avec régularité au bout de son bras droit, au rythme de ses longues enjambées. Sa démarche était dynamique et souple.
Cette fille respire la joie de vivre.
Pas un instant elle ne regarda derrière elle. Mais à peine arrivée à Kôryô elle sembla rechercher quelque chose, et fut apparemment déçue de ne rien trouver. Elle se dirigea vers sa salle de classe, dans la section des troisièmes.
Parfait juste la classe à côté de la mienne !

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Un cri retentissant jaillit du bâtiment d'en face.
" Daarliiing ! "
D'un temps Kyôsuke Kasuga reconnut cette voix familière, et la non moins familire lueur narquoise dans les yeux de ses condisciples en 1^ère F, Komatsu et Hatta. Il se retourna en prenant un air enjoué en direction de la fenêtre pour faire un signe à Hikaru, une de ses meilleures amies, même si leurs points de vue sur leur situation ne concordaient pas forcément. Mais face à la gentillesse, la gaîté et l'entrain de la jeune adolescente il n'avait jamais eu le courage de lui avouer qu'il ne l'aimait pas.
Car celle qu'il aimait c'était Madoka, sa camarade de classe depuis presque deux ans maintenant. Madoka, la meilleure amie de Hikaru. Madoka à la réputation si sulfureuse. Madoka à la chevelure si resplendissante…
Il se rappellerait toujours ce jour durant lequel il avait emménagé à Tôkyô et avait eu l'envie de visiter le quartier. Il avait choisi d'entrer dans un jardin près de sa nouvelle demeure, et s'était engagé dans un long escalier. C'est au sommet qu'il l'avait rencontrée, chaussures de tennis, short blanc et chemisier rouge à fleurs… il venait de " rattraper " le chapeau de paille rouge qui ornait peu avant le chef de la belle. De ces premiers instants naquit son amour pour elle.
Ayant rendu son salut à Hikaru il dut ramener son attention à son professeur qui entrait. Il nota qu'une fois de plus Madoka avait choisi de ne pas venir en cours. Elle séchait souvent quelques cours, parfois par flemme, parfois pour aller travailler à l'Abcb (même si le Boss ne le souhaitait pas), parfois…
La sonnerie le surprit alors qu'il en était encore à conjecturer au sujet de l'absence de son amie, et le professeur quitta la salle des 1^ère F. Alors entra une superbe adolescente, un peu plus grande que la moyenne, une splendide chevelure noire descendant jusqu'au creux des reins encadrant un visage admirable : un petit nez fin et mutin, de grands yeux vert-émeraude, une petite bouche aux lèvres sensuelles. Un sourire passa fugitivement sur ce visage quand leurs regards se croisèrent. Tellement fugitif qu'il se demanda s'il ne l'avait pas rêvé.
Maintenant qu'elle est là je vais pouvoir me concentrer sur le cours.

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Midi déjà.
L'heure où Hikaru va enfin se ruer sur son " darling " et lui proposer le panier-repas qu'elle lui a préparé.
" Kyôsuke, regarde ce que je t'ai préparé de bon pour aujourd'hui ! Des beignets de crevette, du poulet au tofu et des gâteaux de miel. "
Comme toujours Hikaru avait préparé une quantité énorme de nourriture. Comme toujours elle démontrait la force de son amour devant toute la classe. Arborant un pâle sourire Kyôsuke se força à remercier Hikaru avec un certain manque d'enthousiasme, et regarda dans la direction de Madoka. Comme d'habitude cette dernière ne faisait mine de rien, entrant en discussion avec Hikaru. Alors qu'il revenait sur le panier-repas, le regard de Kyôsuke accrocha à l'encadrement de la porte une autre adolescente d'une taille inférieure à la moyenne, remarquablement proportionnée, des couettes châtain clair retombant autour d'un des plus charmants minois de tout Kôryô…
" Hé Kasuga-kun, tu me fais goûter ? "
Il releva si brusquement la tête qu'il crut s'en faire un torticolis, juste à temps pour voir la dernière arrivée en 1^ère F, Hiromi Sugi, une fille qui l'avait connu avant son emménagement à Tôkyô, cligner de l'œil à destination de Hikaru, brutalement raidie face à cette attaque imprévue.
" Pff… Je plaisante Hikaru-san, mais regarde donc la tête de Kasuga, maintenant ! "
Il est vrai que Kasuga grimaçait en se massant le côté droit de la nuque, ce qui fit s'inquiéter Hikaru :
" Oh Kyôsuke chéri, tu t'es fait mal ?
- Non, ce n'est rien " répondit l'adolescent en cessant de se masser tout en souriant.
" Fais voir ", fit Hikaru, méfiante.
Cette fois ce fut au tour de Kasuga de se raidir, car Madoka était juste à côté et il ne voulait pas se livrer à ce genre de démonstration d'intimité en sa présence. Las il ne put y échapper, et sentit que cela lui serait décompté à l'occasion. Car Madoka était aussi rancunière que belle.

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Dans l'après-midi, Hikaru avait sport. En plus de sa classe il y avait aussi une classe de seconde. Alors qu'elle se changeait au vestiaire deux filles se chamaillèrent, l'une venant à la bousculer. Prenant alors de vitesse Hikaru cette fille s'inclina respectueusement :
" Pardonnez ma maladresse, s'il vous plaît, je ne l'ai pas fait exprès. "
Hikaru était réputée pour sa violence, aussi n'était-il pas étonnant que cette fille, même en seconde, s'excusât aussi rapidement. Et cela même si elle ne frappait pas les autres filles. Cette politesse eut un effet apaisant sur la jeune adolescente, qui fut presque surprise de s'entendre répondre :
" Ce n'est rien. "
Ça y est, premier contact.

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Aujourd'hui Madoka devait aller à l'Abcb pour y prendre son service. Travailler était interdit aux lycéens de Kôryô, mais le Boss du café restaurant était un ami de sa famille et avait accepté de l'embaucher malgré tout. Et les rares personnes au courant n'oseraient jamais la dénoncer…
Chemin faisant (il fallait une bonne demi-heure pour rejoindre l'Abcb depuis Kôryô), elle réfléchit de nouveau à sa situation. Elle était sûre d'aimer Kasuga. Elle savait qu'il l'aimait elle et non Hikaru. Mais elle estimait que c'était à lui de provoquer les événements. De toutes manières elle ne pourrait pas évincer sa " petite sœur " d'elle-même. C'était au-dessus de ses forces.
Elle espérait qu'il n'y aurait pas trop de clients ce soir, ce qui lui permettrait de préparer les partiels qui s'annonçaient. Et, songea-t-elle avec un sourire malicieux, ceux de Kasuga.

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A la sortie du collège une adolescente attendait. Adossée à un réverbère devant la porte vitrée elle scrutait attentivement le flot d'élèves contents de retourner chez eux. Soudain elle aperçut celle qu'elle cherchait. Elle attendit que cette jeune fille de troisième seulement soit à sa hauteur pour l'interpeller cavalièrement :
" Je vous attendais. Pour m'excuser de mon incorrection de tout à l'heure, permettez-moi de vous inviter au café ? "
Hikaru fut surprise que l'on s'adressât ainsi à elle. D'habitude ses condisciples se tenaient à l'écart d'elle. Elle fut un instant tentéée de la rembarrer, mais il lui vint à l'idée que depuis qu'elle avait rencontré l'âme sœur elle était devenue plus ouverte, plus sociable qu'avant. Elle discutait parfois avec ses camarades de classe, et plus souvent avec ceux de Kyôsuke, ce qu'elle n'aurait jamais fait deux ans auparavant. Et puis un comportement irascible ou bourru pourrait amoindrir l'opinion que ce faisait d'elle Kyôsuke, aussi se força-t-elle à sourire et à accepter l'invitation.
C'est ainsi qu'elle suivit une adolescente d'un an son aînée, de taille moyenne, les cheveux bruns mi-longs formant un angle au niveau des yeux, en direction du café le plus proche.
Ça marche !

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" Je suis rentré ! " fit Kyôsuke en entrant chez les Kasuga et en enlevant ses chaussures.
" Qu'est-ce qu'on mange ce soir, Manami ?
- Du riz au curry ! Aujourd'hui est un grand soir ! " lui répondit Kurumi.
Le riz au curry était le plat préféré de sa petite sœur Kurumi, qui avait l'âge de Hikaru, soit quatorze ans. Kurumi était du point de vue de Kyôsuke irresponsable, flemmarde et gourmande au dernier point… mais elle était sa petite sœur et il l'aimait bien malgré tout.
" Je ne voudrais pas vous décevoir, mais Otosan rentre tard ce soir aussi on ne mange pas tout de suite ! ", intervint Manami, sœur jumelle de Kurumi, mais aussi dissemblable d'elle que la lune du soleil.
" Il rentre à quelle heure déjà ? " interrogea Kyôsuke.
" A huit heures. " Manami avait autant soupiré que répondu… il est parfois difficile de s'occuper seule d'un ménage de trois adolescents et un adulte.
Mince, je vais être en retard pour travailler avec Ayukawa à l'Abcb. Ou bien je ne vais pas manger de ce riz au curry. Mais je ferais de la peine à Manami. Et puis on a l'habitude de manger tous les quatre ensembles… Mais si je reste manger, je ferais mieux de ne pas aller à l'Abcb, Ayukawa serait furieuse que je sois en retard.
" Oniichan, tu travailles avec Madoka-san, ce soir, n'est-ce pas ?
- Comment le sais-tu ?
- C'est que tu semblais réfléchir, alors comme les partiels approchent ça ne peut être que ça. "
Une fois de plus Manami avait compris le dilemme de son frère, avec cette intuition qui la caractérisait.
" Et tu y vas pour quelle heure ?
- Euh, huit heures. " Il accompagna cette aveu d'un rictus embarrassé.
" Et bien vas-y, surtout. Et sois tranquille, Kurumi s'occupera du riz.
- Ça oui ! " approuva cette dernière. " Je dirai à Otosan que tu travailles tes partiels avec tes copains.
- Merci, je sais que je peux compter sur toi pour rafler ma part. Manami, je peux avoir quelque chose avant de partir, s'il te plaît ?
- Oui, il y a un peu de potage au frigo, je te le réchauffe.
- Merci sœurette ! "

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" C'est moi ! " fit Hikaru en rentrant chez elle.
" Tiens tu rentres tard, aujourd'hui. Tu as travaillé en bibliothèque ? "
Hikaru travaillait souvent en bibliothèque avec Kyôsuke à l'approche des partiels. D'ailleurs il était temps de recommencer.
" Oui, Okasan. "
Elle ne souhaitait pas lui parler de cette nouvelle amie qu'elle avait connue par hasard. Elle repensa à cette adolescente très vivante, qui lui avait donné envie de rester un peu plus longtemps qu'elle ne l'aurait cru au café. Elle pensait que c'était plutôt bien de se faire des amies hors de son habituel cercle d'intimes. Elle était capable d'être aimable même avec des filles que ne connaissaient ni Madoka ni Kyôsuke.
Elle profita des instants avant le repas pour réfléchir au panier-repas qu'elle préparerait pour son chéri.

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Huit heures. Kasuga poussa la porte de l'Abcb, pile à l'heure. D'un regard il vit qu'il n'y avait pas grand monde aujourd'hui, ce qui lui permettrait de travailler tranquillement. Il s'imagina un court instant seul avec elle, si proche qu'il pourrait la caresser juste en tendant le bras, si proche qu'il humerait son parfum. Il se prit à espérer un signe favorable d'Ayukawa, sans trop y croire. Il n'arrivait pas à déterminer si Ayukawa ne le fréquentait que comme ami de Hikaru ou bien si elle était attachée à lui. Parfois il l'avait cru jalouse de Hikaru, d'autres fois il n'osait l'approcher de plusieurs journées tant elle paraissait d'humeur massacrante.
Aujourd'hui ils allaient se livrer à un petit rituel vieux de deux ans : elle l'aiderait à réviser ses examens.
Elle lui sourit, tandis que le Boss l'accueillait chaleureusement. Kasuga avait toujours trouvé quelqu'un d'amical et de compréhensif dans le Boss, et avait même parfois travaillé pour lui, à l'Abcb ou au parc d'attractions.
Les derniers clients partirent à neuf heures moins dix, et Kasuga et Ayukawa purent ainsi travailler ensembles durant plus d'une heure et demi.

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Hikaru. Elle porte un tee-shirt à rayures horizontales jaunes, vertes et brunes. Elle me parle : " Tu sais, Kyôsuke, je crois que Madoka a un boy-friend ! " …
…Le geste part, je ne peux l'éviter. Je me tiens la joue endolorie pendant que Madoka me tourne le dos en disant : " J'attendais mieux de toi Kasuga. Adieu ! "…
…Je sens la chaleur de son corps au mien enlacé. Elle niche sa tête au creux de mon épaule en soupirant " Kyôsuke chéri ". Je me surprends à répondre tendrement " Sayuri ", avant de me pencher sur ses lèvres.
Réveil en sursaut… ce n'est jamais bon. Je regarde mon réveil, il est 7h15. J'ai encore quinze minutes de sommeil. Je me retourne pour profiter de ces derniers instants… ; je jaillis de sous ma couverture.
Eh, minute ! De quoi ai-je rêvé, là ?
Bon d'abord Hikaru qui me dit que Ayukawa a un petit ami. Pourtant elle ne paraît pas m'en vouloir. Donc ce serait un autre que moi ? Ce… ce n'est pas possible !
Ensuite Ayukawa qui me gifle… qu'ai-je pu faire ? Pourquoi m'en veut-t-elle ? Je crois qu'elle me dit adieu. Vais-je la perdre définitivement ? Ce serait terrible. Je ne crois pas que j'y survivrais. Je dois à tout prix éviter que cela se produise ! Que puis-je faire ?
Enfin je suis enlacé avec Sayuri ? Pourquoi elle ? Elle est jolie d'accord mais elle ne m'attire pas. Alors qu'est-ce que c'est que ça ? Et si je perds Ayukawa il me reste Hikaru…

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Accompagné de mes deux sœurs me voilà en route pour le lycée. Je crois que j'ai une mine de déterré, mais après ce rêve que j'ai fait il faut me comprendre. Au fait, je me présente, Kyôsuke Kasuga en 1^ère F au lycée Kôryô. Je l'ai intégré il y a deux ans après une semaine de cours en province, par la faute de ma petite sœur Kurumi. Elle avait couru le cent mètres en trois secondes dans notre précédent bahut. Trois secondes me demandez-vous, incrédules ? Oui car la famille Kasuga dispose du Pouvoir, qui nous permet de considérablement augmenter notre force ou notre vitesse, ou de téléporter des objets… et dans certains cas de faire des rêves prémonitoires ! Vous comprendrez aisément mon inquiétude ce matin.
Ce rêve est terrible car il signifierait la fin de tout… je ne peux pas y croire. Je dois tout faire pour empêcher que cela se réalise. C'est pour cela que les dieux me l'ont envoyé. Mais que faire ?

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Au fond du Lavand Lady, un café dans la rue des love hotel, quatre adolescentes discutaient en fumant devant un jus de fruit. Toutes portaient l'uniforme de l'établissement Kôryô, l'une d'elle, la plus jolie, portait la tenue des lycéennes, alors que les trois autres, une châtain et deux brunes avaient l'uniforme des collégiennes.
" … et cette Hiyama est la girl-friend de Kasuga. Elle est aussi très amie avec Ayukawa.
- Bon, voilà ce qu'on va faire. Toi, tu vas informer aujourd'hui Hiyama que Ayukawa a un petit ami. Pour le reste on fait pareil, OK ?
- Hai, Sayuri-senpai. " répondirent en chœur les trois collégiennes.